L’adaptation cinématographique de It Ends with Us de Colleen Hoover a généré de nombreuses attentes, surtout chez les fans du roman qui ont été profondément touchés par son approche réaliste et crue des violences conjugales. Cependant, en dépit du casting prometteur et de la beauté visuelle du film, l’adaptation semble trop romancée, diluant le message essentiel du livre et trahissant l’intensité émotionnelle qui a fait le succès de l’œuvre originale.
Un univers édulcoré qui manque de profondeur
Le roman It Ends with Us est avant tout une histoire d’amour complexe et déchirante, mais son cœur reste l’évocation sans filtre de la violence conjugale. Lily Bloom, l’héroïne, est une jeune femme qui se débat avec ses sentiments pour Ryle, un homme brillant mais violent, tout en étant hantée par son passé et son amour pour Atlas. Le roman explore les conséquences dévastatrices de la violence domestique, avec une intensité et une véracité qui frappent profondément les lecteurs.
Cependant, dans le film, cette réalité brutale semble être largement édulcorée. Les scènes de violence, essentielles au récit du livre, sont atténuées, rendant les relations entre les personnages moins ancrées dans la souffrance. Le film, au lieu de s’immerger dans la complexité des personnages et des relations toxiques, prend un tournant trop romancé, mettant l’accent sur l’histoire d’amour et les dilemmes des protagonistes sans rendre justice aux thèmes graves du livre.
Un casting séduisant, mais une dynamique trahie
Le choix de Blake Lively pour le rôle de Lily et de Justin Baldoni pour celui de Ryle semblait au départ être une décision solide, même si les fans de l'univers on eu un peu de mal à accepter Blake Lively en tant que Lily. Tous deux apportent une grande sensibilité à leurs personnages et parviennent à véhiculer une forme d’alchimie à l’écran. Pourtant, le film semble moins concerné par la dynamique complexe entre Lily et Ryle, surtout quand il s’agit de représenter l'impact psychologique et émotionnel de la violence. Le livre est une exploration de la souffrance, des dilemmes et des cicatrices laissées par les abus, mais le film réduit cela à une série de rebondissements romantiques, ce qui rend leur relation moins crédible et plus superficielle.
Des contradictions notables entre le film et le livre
L’un des aspects les plus décevants de l’adaptation est la manière dont certains éléments essentiels du livre ont été déformés ou omis. Par exemple, la façon dont Lily gère ses émotions et son passé dans le livre est beaucoup plus nuancée, et son rapport avec Atlas est un refuge qui lui permet de guérir. Dans le film, cette profondeur est éclipsée par une romance simplifiée et un final qui cherche à offrir une conclusion plus lisse et conventionnelle.
De plus, la question des violences conjugales, qui devrait être le cœur de l’histoire, est reléguée au second plan dans le film. Alors que le livre s'attaque frontalement à la réalité des abus, le film les minimise, les présentant presque comme un obstacle à surmonter dans une histoire d'amour. Cela transforme un sujet sérieux en un simple ressort dramatique, ce qui est une lourde erreur pour une adaptation qui se voulait fidèle à l’essence du roman.
Un film qui manque de gravité et de réalisme
L’adaptation semble vouloir plaire à un large public en privilégiant l'aspect romantique au détriment de l’importance du message social du livre. Ce choix, bien que compréhensible d’un point de vue commercial, trahit la profondeur de l’œuvre originale. It Ends with Us n’est pas simplement une histoire d’amour : c’est une réflexion sur la manipulation, le pouvoir, et la difficulté de rompre un cycle de violence. Le film, en évacuant ces dimensions, laisse l’impression de n’être qu’un film romantique parmi tant d'autres, sans l'impact émotionnel que le livre avait su offrir.
Cynthia Bellanger
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